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Transition écologique : combattre les 4 raisons de ne pas agir

03/09/2022

Transition écologique : combattre les 4 raisons de ne pas agir

Pas moi !
 
Cet argument très utilisé fonctionne à différents niveaux :
"Avant de solliciter les particuliers, que l'on commence par les grandes entreprises"
Les efforts de transition concernent évidemment les entreprises privées tout comme le secteur public. Mais les particuliers ont également un rôle important à jouer. Si nous voulons atteindre l'objectif de neutralité Carbone en 2050, les efforts individuels compteront pour 1/4 des économies à réaliser. C'est loin d'être négligeable !
 
"La France représente 1% des émissions mondiales de Gaz à Effet de Serre, ce n'est pas cela qui va changer la donne. Regardez la Chine"
Quand on compare les émissions par pays, il faut le faire par habitant et là on retrouve les Américains, Canadiens, Australiens, Saoudiens, Qataris largement devant les Chinois. Par ailleurs, les statistiques mondiales se « contentent » de mesurer l’empreinte des activités économiques de chaque pays, sans tenir compte de l’effet des biens et services importés et exportés. Or la Chine continue de constituer l’usine du monde. Ainsi l’empreinte moyenne d’un Français passe de 5 à 10 tonnes eqCO2 par an quand on intègre les importations et soustrait les exportations. 10 tonnes par an alors que nous devrions être à 2… Pas vraiment un motif pour nous exonérer d’agir

 

Empreinte CO2 moyenne Francais


L'argument des émissions par pays peut très bien être inversé, ce dont ne se privent pas les pays en voie de développement (dont ne fait plus partie la Chine) dans les négociations internationales (type COP). Ils n'ont pas totalement tort.


Notez que cet argument est souvent décliné à un secteur économique :
« On fustige le transport aérien mais cela ne représente que 3% des émissions mondiales ». Cela fonctionne aussi avec le numérique, le textile, le transport maritime.
 Si 90% des émissions se concentrait sur 3 secteurs, on pourrait peut-être cibler les efforts mais ce n’est pas le cas. Chaque secteur devra apporter sa contribution à la réduction globale : « les petits cours d’eau font les grandes rivières ».

 

"On me demande à moi de faire des efforts alors que les riches polluent bien plus que moi"
Des trois arguments, c'est sans doute le plus fondé. Le niveau d'émission de GES est très corrélé avec le niveau de consommation. L'empreinte individuelle des ultra riches est énorme et ils doivent évidemment contribuer à l'effort collectif. Mais ce sera loin de suffire. C'est l'effet masse bien connu en économie. En matière d'émission Carbone, les émissions des classes aisées et même des classes moyennes dépassent largement les seuils acceptables par la planète. Et les classes économiquement défavorisées ont également un rôle à jouer au travers des services consommés et des déchets produits. Elles sont également les premières victimes de l’inefficacité énergétique des logements.
 
Pas maintenant !
Voilà un argument que l'on entend souvent dans la bouche des (ir)responsables politiques ou économiques : 
"On comprend bien l'enjeu mais il y a plus urgent"
Typiquement l'argument mis en avant quand on oppose "fin du mois" et "fin du monde".
ou quand le premier réflexe pour faire face à la pénurie de céréales est de remettre en cause le principe de jachère obligatoire péniblement (et récemment) décidé au niveau européen pour tenter de reconstituer la biodiversité
Sauf que
1) Le réchauffement climatique est un phénomène cumulatif : le temps perdu ne se rattrape jamais ! Même si par magie, on arrêtait de produire des GES demain matin, il faudrait 10 000 ans avant que le climat ne revienne comme avant l'ère industrielle...
2) Les personnes les plus démunies (concernées par la fin du mois) sont aussi celles qui subissent le plus les effets du dérèglement climatique. Un constat également valable quand on raisonne à l'échelle d'un pays.
Il n'y a donc pas le choix : il faut traiter en parallèle les enjeux de "fin du mois" et de "fin du monde". Plus facile à dire qu'à faire. C'est tout l'enjeu d'une transition écologique rapide mais socialement acceptable.
 
Pas comme ça !
Avec cet argument, on a passé un cap : on ne discute plus de la nécessité à agir, on conteste la pertinence de telle ou telle solution.
C'est particulièrement vrai pour les débats sur l'énergie.
Avec un mode opératoire récurrent : on prend une solution (nucléaire, éolien, solaire,... et on met en avant ses défauts.
Imparable... et tellement simple !
Car en réalité, il n'y a pas sur ce sujet énergétique de solution sans inconvénient : tout procédé de production, transport et consommation d'énergie produit des gaz à effet de serre. La seule énergie "verte" est celle que l'on ne consomme pas. C'est le sujet de la sobriété sous tous ses aspects. Il y a un gros gisement d'économie sur ce terrain (30% de l'énergie consommée) mais là non plus, ce ne sera pas suffisant !
Alors discutons des modalités de la transition, oui, essayons de réfléchir de manière globale (préserver la biodiversité) mais agissons et mesurons les effets de chaque action entreprise. Cela nous évitera de nous contenter de symboles.
 
C'est trop tard !
Argument bien commode, souvent avancé par quelqu'un pour qui "mon mode de vie n'est pas négociable" (D. TRUMP)
Trop tard pour quoi ?
Pour revenir en arrière ? Pour limiter l'impact du réchauffement à 1 degré ? C'est exact!
Mais une scientifique comme Valérie Masson-Delmotte (membre du GIEC) l'explique très bien : tout dixième de degré comptera. Un réchauffement à 1,8, 1,9 ou 2° cela fera de grosses différences. Car on parle de moyenne annuelle et planétaire. Un réchauffement de 1° c’est potentiellement des pics de chaleur 5° plus élevés… Le pic de chaleur en France de la fameuse « sécheresse de 1976 » correspond aujourd’hui à une vague de chaleur « banale »… pour un réchauffement sur la période inférieur à 1 degré.
Alors s'il y a une chose que nous devons à nos petits-enfants, c'est de faire le maximum pour limiter ce réchauffement.

 

Aucune place pour le désespoir, place à l'action, chacun à son niveau.

C'est ce que nous tentons de faire, à l'échelon local, ici et maintenant.

 Jean-François PIRUS

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